Konbini / La fille de la supérette de Sayaka MURATA

Titre: Konbini / La fille de la supérette

AutriceSayaka MURATA

Edition: Folio

Parution: 2019

Nombre de pages: 144p

Résumé: Depuis l’enfance, Keiko Furukura a toujours été en décalage par rapport à ses camarades. À trente-six ans, elle occupe un emploi de vendeuse dans un konbini, sorte de supérette japonaise ouverte 24h/24. En poste depuis dix-huit ans, elle n’a aucune intention de quitter sa petite boutique, au grand dam de son entourage qui s’inquiète de la voir toujours célibataire et précaire à un âge où ses amies de fac ont déjà toutes fondé une famille. En manque de main-d’œuvre, la supérette embauche un nouvel employé, Shiraha, trente-cinq ans, lui aussi célibataire. Mais lorsqu’il apparaît qu’il n’a postulé que pour traquer une jeune femme sur laquelle il a jeté son dévolu, il est aussitôt licencié. Ces deux êtres solitaires vont alors trouver un arrangement pour le moins saugrenu mais qui leur permettra d’éviter le jugement permanent de la société. Pour combien de temps…

Avis: J’ai entendu parlé de ce titre à sa sortie en grand format il y a quelques années sans franchir le pas. Grâce à mon amie Seli j’ai pu le découvrir, sans le savoir, car c’était mon livre mystère dans notre swap de Noël. J’y suis donc allée à l’aveuglette – même si j’ai rapidement eu des soupçons.

J’ai été assez marquée par le style de l’autrice. Mes seules lectures de romans asiatiques se résument à quelques titres de EDOGAWA Ranpo, et cela remonte à quelques temps maintenant. Je ne saurais donc pas vous dire si c’est propre à l’autrice ou si c’est plutôt culturel, en tout cas j’ai trouvé le style assez froid et chirurgical. Alors on va pas se le cacher, l’héroïne et son atypisme y sont sûrement pour quelque chose également, mais j’ai trouvé l’œuvre très aseptisé. Ce n’est pas forcément ce qui m’accroche le plus mais je l’ai trouvé de bon ton avec ce format très court et son personnage pas banal. En dehors de sa froideur, le texte se lit très bien, on ne s’ennuie, on va à l’essentiel et on a finalement un récit tranche de vie assez percutant.

J’ai trouvé Keiko assez étrange, bien évidemment, puisque c’est le but de l’autrice. Malgré tout c’est un personnage que j’ai apprécié suivre. Son anticonformisme est agréable: pas d’envie de se caser, de procréer, d’avoir une grande carrière et une situation stable. C’est une situation qui fait déjà parler en France, au Japon autant vous dire qu’elle fait office d’extra-terrestre. Et en réalité c’est là que le bas blesse à mon sens. Alors bien sûr ça n’enlève rien au titre mais j’ai trouvé un poil dommage que cette situation atypique soit illustrée avec une femme qui est clairement un extra-terrestre. Keiko est un personnage qui ne comprend pas la société, qui n’est pas une personne « normale ». Elle copie les autres, essaye de se fondre dans la masse car elle est différente, tant dans ses émotions que dans ses aspirations, si tant est qu’elle en ait réellement…

On suit donc son quotidien, ses pensées et ses relations, le tout est assez déroutant. Jusqu’à sa rencontre avec Shiraha, qui lui aussi est inadapté à la société dans laquelle il vit, quoique dans un tout autre style. Si j’ai réussi à apprécier Keiko et sa différence, j’ai détesté le personnage de Shiraha. Sa façon de considérer la société, les gens et surtout les femmes m’ont fait bouillir. [spoiler on] Malgré cela, j’ai trouvé cohérent que Keiko cherche à se caser avec lui. En effet il ne cherchait pas grand chose de spécial, et elle trouve dans cette personne qui lui ressemble un intérêt de se fondre dans la masse plus facilement. Grâce à lui finit les questions gênantes sur sa vie personnelle… Dommage que ce soit un parasite, et j’ai été contente qu’elle s’en rende compte. [spoiler off]

Au final l’autrice nous offre une belle critique de la société japonaise, la plupart des personnages ne sont pas attachants, voire antipathiques, ce qui ne fait qu’accentuer sa critique. S’il ne se passe pas grand chose, ce petit livre est plutôt prenant et j’ai passé un moment de lecture intéressant et prenant. J’ai aussi découvert que le titre avait été récompensé par le prix Akutagawa – l’équivalent de notre Goncourt en France – et j’ai trouvé intéressant d’avoir pu découvrir un titre ayant reçu ce genre de récompenses, moi qui n’en lis que très peu.

Bref, Konbini/La fille de la supérette a été une lecture dépaysante, qui fait réfléchir sur la société et le monde qui nous entoure. Si vous aimez la lecture asiatique, et en particulier japonaise, je ne peux que découvrir ce titre, très critique et qui soulève des questions de différence, d’individualisme et de société.

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